mercredi 3 février 2016

Carnet 4 - Cartagena


Carnet 4 – Cartagena

Face à la mer des Caraïbes, assis sur un rocher, quel est le plus joli des spectacles ? Celui des pélicans du soir. Bec pointé vers le bas, ils plongent pour la grande pêche. Le tout dans une atmosphère de douceur…


Bonjour à tous !
 
Me voici arrivé au Nord, à Cartagène des Indes. Vendredi prochain, retour à Bogota (en Bus). Ce dernier carnet sera celui de la Colombie oisive mais également de la Colombie vivante.

Mon aventure avec « Tigre Bleu » sera l’une des moins kilométriques, du fait de la durée du voyage, et des routes longues, aux belles montées, et parfois dangereuses pour un cycliste.

Ce que j'en retiens: des paysages riches et variés, une ambiance généreuse. Les plats, les fruits, les couleurs, les sourires, les visages… Un régal! Alors allez-y et régalez-vous ! La Colombie est un pays joyeux, à l’humeur dansante et musicale.
 
Je ne connaissais pas l’Amérique du Sud. Ici, les couleurs et le sons se mêlent avec énergie. On ne supporte pas le silence, ce qui parfois me manque.

Je me sens bien loin de nos rues aseptisées avec leur ambiance sécuritaire qui fige nos promenades, à grand coup de caméras et de radars postés à chaque intersection.
Ici, rien de tout cela. Et les Colombiens semblent heureux dans leurs rues animées. Certes, il y a des trous dans le trottoir, de la pollution dans l’air, tout n’est pas rose. Loin de là. Mais la bonne humeur des habitants de Cartagène des Indes - et de la Colombie - existe réellement : ça parle, ça sourit très vite, ça communique, ça échange, ça t’indique les routes, ça te prévient d’un danger… C’est le contraste flagrant avec notre société ultra-normée, hyper-confortable et codifiée mais absolument monotone.

Le point noir pour ce joli pays : le vélo n’y a pas encore sa place. Avant d’embarquer Tigre Bleu dans la soute de l’avion à destination de Bogota, je m’étais informé sur certains Blog de voyageurs globe-pédaleurs qui précisaient n’avoir connu aucun problème en Colombie. Et tant mieux pour eux. Je préciserai que, tant que Tu restes rivé à ton guidon, que tu serres à droite, que tu serres les fesse, Tu rouleras effectivement sur une route correcte. Cependant il faut préciser que :
 
  1. On te klaxonne pour un Oui, un Non, pour un autre qu’on croise… On klaxonne tout le temps. Même en montagne, le klaxon résonnera et te vrillera les tympans.
  2. On te frôle tout le temps et quitte à te faire une queue de poisson pour te doubler, Toi et Ton Vélo: Tu n’existes pas.
  3. On te bazarde en pleine face du bon vieux CO2 bien noir… même en plein effort. La COP 21 ? « Connais pas ». Déjà chez nous c’est du flanc mais ici, vous y ajouter une sauce piquante pour vous brûler le palais, le bout de la langue et les narines.
  4. Les pistes cyclables, hormis à Bogota et quelques grandes villes, sont inexistantes. Les trottoirs sont un bon refuge sur les grands axes.
     
    Conclusion du cycliste : la Colombie à vélo ? On peut le faire évidemment… Pour le cancer du poumon c’est parfait. Question plaisir personnel de pédaler : pénible à la longue. Car la difficulté outre celle d’enchaîner les sommets est de surmonter l’environnement motorisé.
     

    Côté artistique, et cela n’engage que mon expérience, la Colombie est davantage un pays de musique que de spectacle théâtral et visuel. Il existe un festival de Théâtre (de Rue) International, bien sûr. Le seul? Les groupes de musique qui déambulent de terrasse en terrasse glanent quelques applaudissements et gagnent des clopinettes. Sans les restau, sur les plages, sur les routes, les enceintes à fond la caisse répandent (trop) facilement du son pour attirer le touriste. De plus, période de vacances scolaires et fêtes de Baranquilla… beaucoup de portes sont fermées. Moins de spectacles pour le Tigre. cependant la Compagnie Lavifil peut être fière de cette nouvelle aventure riche en rencontres... Ce sera mieux la prochaine fois. Ben oui, j'y retournerai. A bientôt, cette fois en France car la Compagnie Lavifil vous donne Rendez-Vous avec plusieurs spectacles en février (Lorraine/Clermont Ferrand) Et cet été sera festivalier: Sud Ouest, Nevers, Orly, Nord Pas de Calais... Besos y hasta pronto.

jeudi 28 janvier 2016

Carnet 3 - Bucuramanga et spectacle


Carnet 3 - Bucuramanga
 
PS: demain Vendredi 29 janvier, direct sur "Allo la Planète" avec Eric Lange, et toute son équipe (Sandrine l'Espagnole). Entre 16h et 17h. C'est une excellente émission pour ceux et celles qui rêvent de partir sans s'encombrer des "Oui mais"...
https://www.facebook.com/AlloLaPlanete/
+ Radio Outre Mer et ce sera par la suite en Podcast
http://www.la1ere.fr/emissions-radio/allo-la-planete
A demain chez vous sur les ondes internet!


Petite ville de Giron, à 10 km de Bucuramanga. C'est le calme avant la tempête urbaine.

« Après Bogota, c’est la cinquième ville la plus importante de la Colombie », me précise Albeiro Vargas, accompagnée de Maria Clara, qui se font un plaisir de me faire visiter Bucuramanga en voiture.
 


La vie en Colombie de manière générale, bouillonne, et ici, davantage colorée, sonore, musicale. Il n’y a pas d’heure pour déjeuner, dîner, souper. Pour déguster un jus de fruits frais « con leche ».
 

Le soir, vue d’un des quartiers culminants, « Bucu » s’installe doucement, dans un grondement lointain, et se love sur des kilomètres de lumières.

L’aéroport, le pont, la tour Gratte-Ciel, le centre commercial sont aux couleurs de l’Arc-en-ciel.


Bucuramanga. Fin de marché.

D’en haut, tout est calme. La fraîcheur et le silence me changent de la vie trépidante du centre. Car demain matin, ce sera une autre atmosphère qui m’attendra sur mon Tigre Bleu, avec la « gazoline » plein les narines. Klaxons, fumées noires des pots d’échappements, les embouteillages : le rituel des chauffeurs de taxis jaunes, de bus, de moto… C’est là tout l’inconvénient d’être de passage dans la cinquième plus « grosse ville » du pays.

Fondation Albeiro Vargas
Albeiro Vargas, à l’âge de 12 ans, retrousse ses manches et décide d’agir en faveur des personnes âgées de son pays. En Colombie, ne comptez pas sur la sécurité sociale et ne cherchez pas les maisons de retraite. Albeiro se fait connaître en France. Il obtient l’aide d’une association basée dans le Sud Ouest et monte une fondation. Celle-ci accueille les « ancienos y ancienas » dans des centres adaptés et leur apporte les soins nécessaires, un confort et de l’humanité !
 

Aujourd’hui, il existe deux centres autour de Bucuramanga, et Albeiro a étendu son action auprès des enfants des quartiers difficiles. Maria Clara est directrice de l’un des deux où je passerai deux nuits puisque c’est pour cette fondation que je ferai lundi 26, ma première en espagnol et que Tigre Bleu deviendra « Tigre Azul ». (Vous trouverez les coordonnées de la fondation un peu plus bas)
 
Une journée, deux prestations, un public chaleureux à l’oreille musicale
 

Il m’a fallu douze jours pour créer les contacts et jouer le spectacle. Enfin, je vais tester mon vocabulaire en direct et improviser, ça j’adore. Au programme : Pedrito perdito en la selva (forêt/ jungle). Musique Cumbia pour l’entrée, chansons personnelles à la guitare et percu rythmique sur le vélo, humour visuel. Durée 30 minutes. On verra…
 
Le public réagit différemment de celui du Vietnam, du Cambodge ou de la Birmanie. Ici, dès les premières notes, le public démarre au quart de poil en RYTHME. Tous âges confondus, ça tape dans les mains, ça chante et le tout : sans sonner faux.


Si je balbutie au final un « Muchas gracias, hasta luego », l’un des animateurs du centre me répond, au micro : « Hasta pronto, nuestra casa es la tuya. Bienvenido en la fundacion. » Et toute la salle d’applaudir et de pousser des « wooooohhaaaaaa ! »… Je n’étais pas très à l’aise. Après tout, c’est juste un « PasSage » et c’est tout. La fête s’est poursuivie dans une ambiance incroyable, tous les prétextes sont bons pour chanter et danser.
Je les ai laissés tranquille, pour aller au Pedro-pressing : mon lavabo, mes mains, du shampooing et de l’eau chaude. Le tout sera propre et sec pour une prochaine.

Remerciements de l'équipe de la Fundacion de Albeiro:

¡¡Gracias, Peter!! El pasado lunes tuvimos el privilegio de recibir la visita de Peter, quien vino desde Francia para compartir una descomunal presentación cargada de espontaneidad, humor y arte. Peter, acompañado de Tigre Azul y Linda, nos regaló un momento de diversión en el que disfrutamos de cada pincelada de su puesta en escena. Merci, Peter!


Pour conclure : artistes voyageurs, si vous passez par la Colombie, vous pouvez faire un crochet par chez eux. C’est le voyage en partage. Le spectacle en passage.
 

Les contacts :
 
Prochaine étape : Santa Marta, la cote
Je veux me remplir les poumons d’air marin, sentir l’iode. L’océan me manque. Je quitte Bucuramanga pour Santa Marta, Carthagena et Medellin, avec l’objectif de jouer le spectacle et l’améliorer. Parler, parler pour un oui ou pour un non.
 
Hasta Luego !
 


Détails techniques concernant Tigre Bleu :
Tout roule. J’ai testé les chambres à air colombienne : résistance jusqu’à présent aux nids de poules. Je me suis vite débarrassé des anciennes. Je me suis équipée d’une nouvelle pompe. Les nouvelles sacoches « Vaude » sont pratiques, solides et je les trouve plus esthétiques que les précédentes.
 
Détails techniques du spectacle :
La guitare que j’ai achetée à Bogota est une casserole. Et encore : je ne peux rien faire chauffer à l’intérieur ! Elle se désaccorde vite, sonne comme pelle sur laquelle on aurait tendu des cordes métal. L’embout du câble Jak s’est tordu durant le voyage. Inutilisable. Je me débrouille.
 
Détails techniques concernant l’oreille :
Elle se familiarise aux particularités colombiennes : les « ll » se prononcent parfois « dj », etc… Sinon, j’espère un jour pouvoir parler sans avoir à ouvrir un dictionnaire le soir pour comprendre enfin ce qu’on m’a raconté réellement.
 
J’espère que tout va pour vous. A la vôtre!


jeudi 21 janvier 2016

PasSage en Colombie Pyerrot Prest Carnet 2


De Bogota à Chocanta


Viva Columbia! VIVA COLUMBIA!
Viva Columbia! Viva... PsshhhhhhhhhiiiiiiiiiIIIIIIIIIIIIIIII....

Il fallait bien que ça m’arrive, je sais qu’on m’attend pour ça. Alors je l’ai fait sans regret, je me suis jeté dedans volontairement : le nid de poule. C'est aussi pour l'histoire d'apprendre à réparer son pneu sans l’attirail technique. Car j’avais oublié à l’hôtel le petit matériel de réparation du bon cycliste, à part les rustines et la colle. Eh bien ! Sachez qu’une pompe à vélo peut servir de démonte-pneu. La « chambre à l’air » sortie du pneu gisait sur le bas côté de la route tel un boyau fumant. L’entaille était de 5 cm : la poule avait eu les dents longues…

A part ça, tout roule, la Colombie me séduit par les sourires et la discussion facile. Tous les prétextes sont bons pour discuter : un pneu éclaté, une pompe cassée, une chambre à air foutue… Je potasse, je bachote et je déverse mon vocabulaire appris la veille, au hasard. Dans les magasins, les cafés, les restaurants, je balance et je juge à la mine de mon interlocuteur. La méthode est radicale même si je passe pour un pauvre « francès » qui baragouine. Je persévère. Le colombien est un des pays où l’espagnol est parlé de façon distincte. C’est une langue latine, et je me suis débrouillé en Asie pour demander à manger. Je me jette à l’eau : un poulet ? Un pollo. La serveuse m’apporte la carte. Je commande fièrement du poulet:

- Pollo !
- Pollo, con… ?
- Pollo con… - du riz, en anglais, rice. Si, un pollo con… Rizo ? ».
Voilà, ce sont les débuts. Je progresse!









La musique : Les ambiances sonores sont vitales ici. La musique : la joyeuse Cumbia, popularisée en France dans les années 80 par une Pub sur le café. Ici, en Colombie, c’est le rythme national : chaleureux, dansant, généreux.


Question pollution à Bogota: polluée, moins qu’à Rangoon. A tel point que je me suis demandé si je n’étais pas en train de faire une cure. Faire du vélo à travers la ville est assez facile, d’autant plus qu’il existe une piste cyclable en plein centre. Les dimanches, les voitures sont interdites sur certaines grandes avenues. C’est très agréable.




Le musée Botero: le peintre et sculpteur colombien a légué à Bogota une partie de ses œuvres ainsi que sa collection personnelle de tableaux : Picasso, Renoir, Klimt… Corot ! Un Douaisien en Colombie !












Comment se porte Tigre Bleu ? Comme une reprise, après une année de silence radio. Difficile. En quittant Bogota, 140 km m’attendent pour atteindre une première étape : Tunja. Sur la route, au nord de Bogota. L’objectif sera d’atteindre Bucaramanga. Les Colombiens sont d’excellents grimpeurs à vélo et je confirme qu’il faut un bon entrainement pour se payer les montées et descentes qui annoncent fatalement le degré de la montée suivante. Sur mon VTT 27 vitesses avec mes deux sacoches et ma guitare, je prie les lignes droites… sauf qu’ici, ce n’est pas possible.


Du haut de la "colline" de Bogota
Mais il nous en faut plus pour nous arrêter. Quoi que… après les 40 premiers km, je ressens de la fatigue. Un besoin de m’allonger. Il fait 35°, la grimpette sous le soleil, je connais. C’est le manque d’entrainement que je paie. Je m’allonge dans l’herbe et dors, une sieste profonde. La reprise sera délicate. 15 km à avancer comme une tortue. La respiration est fragmentée, un léger mal de crâne. Ce doit être ce vent du Nord qui freine mon élan. Ma moyenne est de 8 km/h. Je reprends le Tigre par les cornes…
Maudite Carretera ! Tu ne m’auras pas, tralala.
Je pose le pied, je marche à flanc de mon vélo. Le Tigre feule de rage et moi je grince des dents. Ou l’inverse. Et cette fatigue qui ne me quitte pas. A mi chemin de Tunja, sur ma carte (une carte colombienne sans grande précision géologique), je me fais à la raison de m’arrêter à la prochaine ville. Un panneau publicitaire apparaît en haut de la colline : « Bienvenidos en Chocanta. Alto 2655 m ».


Cette nuit-là, je l’ai passée dans un petit hôtel de la station balnéaire. Epuisé mais enivré… question d’altitude, c’est sûr.






Prochaine étape : Tunja.
Direction, Bucaramanga, pour rencontrer une fondation et proposer le spectacle.

                                      HASTA LUEGO